Yan Morvan

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    Ajouter à mon agenda 2024-03-07 00:00:00 2024-03-07 00:00:00 Yan Morvan Yan Morvan   Yan Morvan est l’un des plus grands reporters de guerre français. Durant toute sa carrière, il a pris des risques insensés - mais calculés - pour retranscrire l’innommable : en Irak, en Irlande (salle 2), au Liban (salle 3), en Ouganda, en Afghanistan, au Cambodge, au Rwanda, au Kosovo et plus récemment en Ukraine (salle 1). Accumulées depuis 50 ans, ses archives photographiques constituent un témoignage unique sur la guerre dans le monde, ses conséquences, sa complexité, ses logiques illogiques, son absurdité absolue et ses atrocités. François-Nicolas L’Hardy, directeur de l’Hôtel Fontfreyde et Yan Morvan ont conçu ensemble la scénographie de cette exposition hors norme qui démontre non seulement l’incroyable sens de l’instant du journaliste, mais aussi son talent inné de photographe pour le cadrage et la lumière.    Du mardi au samedi, de 13h30 à 19h Hôtel de Fontfreyde Centre Photographique Ville de clermont admin@admin.fr Europe/Paris public
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  • 07 MAR
  • 01 JUIN
Hôtel de Fontfreyde Centre Photographique
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Yan Morvan

 

Yan Morvan est l’un des plus grands reporters de guerre français. Durant toute sa carrière, il a pris des risques insensés - mais calculés - pour retranscrire l’innommable : en Irak, en Irlande (salle 2), au Liban (salle 3), en Ouganda, en Afghanistan, au Cambodge, au Rwanda, au Kosovo et plus récemment en Ukraine (salle 1). Accumulées depuis 50 ans, ses archives photographiques constituent un témoignage unique sur la guerre dans le monde, ses conséquences, sa complexité, ses logiques illogiques, son absurdité absolue et ses atrocités. François-Nicolas L’Hardy, directeur de l’Hôtel Fontfreyde et Yan Morvan ont conçu ensemble la scénographie de cette exposition hors norme qui démontre non seulement l’incroyable sens de l’instant du journaliste, mais aussi son talent inné de photographe pour le cadrage et la lumière. 

 

Du mardi au samedi, de 13h30 à 19h

Témoin de l’histoire d’un monde dévasté

LibanUn soldat français vient au secours d’une victime ensevelie dans les décombres du Drakkar, nom du bâtiment où se trouvaient  rassemblées les forces françaises stationnées au Liban. Cette image, prise par un jeune homme d’à peine trente ans, a fait la une de la  presse magazine. Elle a contribué à révéler aux Français les réalités du conflit

Après la fac de mathématiques et des études de cinéma, Yan Morvan réalise ses premiers reportages au milieu des années 70. Il s’intéresse aux rockers, au mouvement punk, à la prostitution en Thaïlande et aux gangs à Los Angeles. Il intègre l’agence Sipa en 1980, travaille pour Libération et Paris-Match et suit les conflits en Turquie, en Iran, en Irak et en Irlande du Nord.

En 1982, il se rend à Beyrouth pour couvrir l’opération « Paix en Galilée » menée par l’armée israélienne. Ses images, connues sous le titre de La Ligne verte, primées deux fois au World Press, témoignent autant de la violence que de la vie quotidienne dans les ruines. Après le Liban, il couvre de nombreux autres conflits : en Yougoslavie, en Afghanistan, en Angola, au Rwanda et au Congo.

En 2005, Yan Morvan se lance dans un projet plus personnel où il photographie 250 lieux de batailles mémorables de l’Histoire dans le monde. Champs de bataille, série réalisée à la chambre 20x25, remporte un vif succès lors de sa présentation aux Rencontres d’Arles en 2016.

En 2017 et 2022, il suit l’armée russe en Ukraine et publie Les Forces du mal. Aujourd’hui, il prépare un voyage sur le front en Ukraine, pour couvrir une nouvelle fois le conflit des deux côtés de la barrière.

Cofondateur de Photographie.com, premier magazine photo en ligne en 1997, il est aussi l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont certains sont devenus des références : Bobby Sands, Belfast (1981), Champs de bataille (2015), Blousons noirs (2016), Liban, chroniques de guerre 1982-1985 (2018), Pigalle (2020), Gangs story (2022).

AUTOUR DE L’EXPOSITION

VISITES COMMENTÉES

Gratuites et sans réservation

Mercredis à 16h
27 mars, 3 avril, 15 mai
Samedis à 16h
30 mars, 6 avril, 18 mai, 1er juin

 

VISITES GUIDÉES TRADUITES EN LANGUE DES SIGNES

Avec Dixit interprétation

  • Mercredi 3 avril à 14h

 

RENCONTRE AVEC YAN MORVAN

  • Mercredi 29 mai

Dédicace, visite commentée de l'exposition et conférence-débat sur l'Europe à 18h, Salle Georges-Conchon
En partenariat avec Europe Direct Clermont 63

 

VISITE ATYPIQUE

  • Jeudi 30 mai à 18h30

"Photo de plage en Normandie, tiré de l’ouvrage Champs de bataille

Yan Morvan

Témoin de la face sombre du monde

 

 

Portrait Yan Morvan

 

Yan Morvan exerce l’un des métiers les plus rares et les plus dangereux au monde : photographe reporter de guerre. Depuis plus de 40 ans, il parcourt la planète pour couvrir les conflits. À 69 ans, jamais fatigué, il repart au Liban et en Ukraine. Portrait d’un témoin de l’histoire.

En 1973, Yan n’avait pas encore 20 ans lorsqu’il débute dans la photographie. Alors qu’il faisait des études de cinéma à Vincennes, il fait une première rencontre, déterminante, avec Maurice Lemoine du journal Libération, avec lequel il cosigne son premier livre : Le Cuir et le baston. Au milieu des années 70, il est encore difficile de vivre en France de son travail de photographe. Opportuniste par nécessité, il fait des piges pour Paris-Match et même pour le Figaro magazine qui venait de se créer ! Mais Yan a autant soif de liberté que de s’accomplir dans son métier. Pour l’instant, il veut faire des reportages qui abordent les vraies réalités sociales. Pas si simple dans un pays un peu figé comme la France de l’époque, qui profitait des dernières années des 30 glorieuses et ne jurait que par l’Américan way of life. Aventurier dans l’âme, il part à l’autre bout du monde, à Bangkok, où il s’immerge dans les milieux interlopes.

Ingérable, franc tireur, toxico pour les mauvaises langues, Yan a mauvaise réputation quand il revient en France et se présente face à Gökşin Sipahioğlu, directeur de la très florissante agence photo Sipa. « Je me souviens qu’il n’était pas très chaud pour m’embaucher ! C’est alors que je lui ai proposé d’aller en Turquie, son pays d’origine, où je sentais qu’un coup d’État se tramait ! Ce qui arriva effectivement quelques jours plus tard, le 12 septembre 1980 ! » Après le succès de ce premier reportage diffusé par Paris-Match, Gökşin Sipahioğlu lui offre l’opportunité de faire ses preuves sur le front de la guerre Iran-Irak. C’est le début d’une incroyable carrière de reporter de guerre qui l’amènera sur le théâtre des opérations au Liban, en Irlande, en Ouganda, au Mozambique, au Rwanda, en Afghanistan, au Cambodge et en Bosnie ! Mais c’est surtout une révélation pour le jeune homme qui nourrissait une passion pour les livres d’histoire depuis son enfance. « Pour la première fois, je me suis senti dans mon élément. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas l’adrénaline ni le danger qui m’attirait, mais le sentiment d’être au cœur de l’histoire ».

La recherche constante de la vérité le pousse à innover. Pour ne pas être manipulé, il couvre le conflit des deux côtés de la barrière, comme il le fait en ce moment sur la guerre en Ukraine. Une méthode qui met parfois sa vie en danger. Par exemple au Liban, capturé par les Frères musulmans, accusé d’être un espion israélien, il est condamné à mort. Il doit la vie à son « fixeur », l’homme de confiance qui l’accompagne dans tous ses déplacements sur le terrain. Prudent dans sa gestion du risque, Yan sait s’entourer. Il tisse des liens avec les différents partis et a toujours une vision claire des forces en présence. Son credo : rester un minimum de temps sur le champ de bataille !

Engagé, passionné, Yan n’est pourtant pas un exalté. Avec le temps, il a su gagner en liberté en trouvant des mécènes semblent-t-ils fascinés par le métier. Photojournaliste indépendant depuis 1998, il cofonde le Photographie.com, le premier magazine photo en ligne. Mais il reste lucide, voire pessimiste. « Toutes les horreurs que j’ai pu rapporter de la guerre n’ont rien changé. Il y a toujours autant de de victimes, d’enfants et de civils innocents. Et ils sont toujours les premiers à trinquer ! » Pas dupe non plus sur la liberté de la presse, il est aussi pleinement conscient que ses images sont utilisées à des fins de propagande. « De l’AFP à la presse écrite, en passant par la télévision, tout est sous contrôle. Si j’avais le scoop du siècle et que personne ne voulait de ma photo, elle ne serait pas diffusée ».

Même s’il ne le reconnaît pas, Yan Morvan est aussi un esthète. Au Liban, il signe l’un de ses plus beaux reportages, La Ligne verte, ce no man's land qui sépare Beyrouth et les belligérants. Avec lequel il remporte deux prix au World Press Photo. Cette tension permanente a-telle fini par l’épuiser ? Toujours est-il qu’à partir de 2004, il poursuit pendant dix ans le projet monumental de faire le tour du monde des champs de bataille du passé, un travail à la chambre salué unanimement lors des rencontres d’Arles en 2016. A la question « qu’est ce qui fait courir Yan », il avoue : « ça doit être un drogue, ou alors peut-être qu’ inconsciemment, je voudrais mourir sur scène ! ».

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